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Les Endélisés

Les Endélisés
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8 octobre 2007

La fac de médecine

Sacha attendait depuis maintenant une bonne demi-heure. Un pigeon paresseux gonflait son cou et clignait des yeux comme pour mieux s'endormir dedans Le soleil timide de ce début de journée d'hiver pointait derrière les feuilles du platane sous lequel le beaux-arteux s'était planté.

Ludovic, le jeune homme pour qui il avait négocié "Ainsi parlait Zarathoustra" s'était avéré très sympathique. L'épisode de la librairie ne les avait pas dissuadés de continuer à lier connaissance, bien au contraire.
Les perpétuelles remarques graveleuses de Sacha sur la libraire n'avaient de cesse d'essayer de faire réagir le jeune homme, aussi souriant que taciturne. Sacha avait remarqué comme ce type avait tendance à se renfermer sur lui-même. Mais lorsqu'il souriait, son visage semblait s'ouvrir totalement et ses yeux laissaient entrevoir des milliers de choses à raconter. Et s'il ne parlait pas beaucoup, il avait le sourire facile !
Sacha adorait ce genre de personnage. Des gens qui offre d'énormes possibilités, au premier coup d'oeil, mais qui font le nécessaire pour le planquer aux autres.
Un café dans un bar en face de la librairie les avait fait se connaître un peu mieux.

Ludovic était étudiant en médecine,en première année d'internat. Lorsqu'il parlait scalpel et dissection, ses yeux s'animaient encore plus que d'habitude. Le bleu glacial devenait bouillant et agité.
Même si en tant qu'étudiant, il s'était entrainé sur des cadavres, il adorait opérer. Depuis deux mois qu'il avait été affecté à la Salpétrière, il n'avait de cesse d'essayer d'obtenir les meilleures opérations.
Lorsqu'il en parlait, on pouvait presque le prendre pour un taré. Obsédé par le sang, il développait une espèce de fascination obsène pour la mort et tout ce qui tournait autour.
Célibataire, le genre de mec qui galère pour se trouver une copine.
"Trop névrosé" s'était dit Sacha en le jugeant en un clin d'oeil. Au téléphone, quand il en avait parlé avec Max, son meilleur pote resté en Normandie, il l'avait catalogué comme "le genre de type capable de péter un plomb on ne sait quand, on ne sait où".
"Bah ouais, c'est un taré, quoi !" avait enchainé Max avec le bon sens le plus trivial.
"Non, je préfère dire un nevrosé, d'un point de vue clinique, c'est quand même plus respectueux." Sacha s'était marré en lancant cette réplique. Il ressortait une phrase que Ludovic avait assénée en parlant d'une de ses potes. Gabrielle.
Il en avait parlé longtemps à Sacha de cette nana. Comme si il voulait qu'il la rencontre.

Mais bon, à part la similitude du prénom de cette gonzesse avec celle du train et du bar craignos, il n'y avait aucune raison pour que Sacha ait envie de rencontrer cette pote "nevrosée et complètement perchée" comme la qualifiait Ludovic. Et puis aucune chance pour qu'un hurluberlu de son style soit bon pote avec cette fille somme toute complètement différente. Elle était trop "brute", un diamant non taillé qui éblouie les petites rétines sensibles.
"Comme celles de Ludovic" avait pensé Sacha d'un sourire carnassier.

Ses tribulations mentales furent arrêtées par l'apparition de l'interne, sur le haut des marches de la fac de la Pitié-Salpétrière. Il lui fit des grands signes de la main, l'invitant à venir le joindre rapidement.

Ecrasant son mégo d'un revers de pied, Sacha cala son bloc de dessin sous le bras droit et s'élancat à l'intérieur de l'antre médicale.

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3 octobre 2007

la liste

La pluie battante inondait la cour de l'immeuble. Les éclairs ressemblaient à des coups de poignard que les dieux lancaient sur la Terre comme pour m'achever. L'orage qui s'abattait ainsi sur Paris m'était adressé. L'univers tout entier semblait vouloir me dire : "Ludovic, tu as gâché ta vie. Tu n'as pas respecté le contrat... Les dieux y mettent donc un terme !"

A l'agonie, terré entre les poubelles de l'immeuble, j'avais décidé de ne plus me battre. Enfin, c'est ce que j'aurais bien voulu. Mais je n'avais plus le pouvoir de décider. Celui-ci m'avait été retiré le jour où j'avais passé la pacte. Depuis ce jour, j'étais devenu un pantin qui agissait au bon vouloir du Boss. Le Boss tirait les ficelles. Il tirait les ficelles qui me liaient les mains, les jambes...mon âme.

Depuis que j'avais signé le pacte, la vie était certes plus facile. La vie, oui. Mais ma vie, ma vie n'était plus. A la place, j'étais devenu un zombi qui errait, qui traversait la ville et la vie jusqu'à ce que le Boss me donne un but à suivre.

J'aurais voulu dire stop, tout foutre en l'air. Mais en fait, j'avais déjà tout foutu en l'air le jour où j'avais signé ce maudit pacte. J'avais troqué ma vie minable et terne contre une vie exaltante, facile. J'avais enfin trouvé mon mentor en la personne du Boss. Un jour, je vous raconterais comment je l'ai rencontré.

Mais ce soir, alors que les gouttes de pluie me transperçaient la peau, que l'eau stagnante de la cour me glaçait le sang, je suis envahi de remords. J'aurais voulu revenir en arrière mais je ne le pouvais pas. J'avais empruntait une route dont on ne peut faire marche arrière. Preuve en était cette liste que je garde précieusement sur moi : Alice, Sacha, Jeanne, Gabrielle et Constance. Voilà les noms que comporte la liste.

Ce soir, j'ai rayé le nom d'Alice... Voilà pourquoi je suis là, croupi dans la cour, les mains pleines de sang.

26 septembre 2007

5H54, les diodes agressives du radio-réveil s'en

5H54, les diodes agressives du radio-réveil s'en prennent à ma rétine endormie. Mes paupières tentent une première fois de lever le plomb qui les retient pour entrevoir la timide lueur faufilée entre les volets. Une deuxième tentative suffit à m'extirper du monde des "somniaques". Mon ouïe se met instinctivement à capter chacun des bruits qui régulent l'ambiance accoustique du quartier : le croisement des dernières âmes fêtardes et des premiers travailleurs. Quand Dutronc aurait si poétiquement chantonné "Paris s'éveille", j'aurais hurlé " Lutèce me met HS". Ma première grasse matinée depuis deux mois venait d'être interrompue par d'égoïstes quidams , des parasites asexués, qui, surement immobilisés sous ma fenêtre, m'empêchaient toute l'évasion ressourssante que procure MonSeigneur Sommeil. Intolérante ? Sanguine ? Tranchante ? Extrémiste ? Juste un peu exténuée... Je ne sais même pas d'où m'est venue cette force de bondir si fermement hors de mon lit, de trouver du premier coup la combinaison permettant d'ouvrir la capricieuse fenêtre, et de pousser violemment les deux énormes volets.

_ Vous pouvez pas aller débourrer ailleurs ? !

Bingo ! Deux ahuris du samedi matin, ou plutot du vendredi-fin-de-nuit levèrent la tête l'air béha, la bouche ouverte comme si ils attendaient une chiure de moineau.

_Ben quoi faut que je vous le fasse en langage des signes ? Dégagez !

Rien à faire, ma diplomatie exemplaire n'avait pas porté ses fruits. Les deux têtes se regardèrent, haussèrent les épaules, et se replongèrent dans leur discussion devant la vitrine de ma librairie. Regrettant d'avoir tenté en vain de raisonner un duo de Gamma GT sur pattes, je me réfugiai sans hésitation sur ma salutaire boite de Boule-Quiès. Les deux bonbons au citron enfoncés dans les oreilles, je quittais une fois de plus la lumière, le bruit, le gout, pour m'engouffrer paisiblement dans ce doux trou noir du sommeil.

_Jeanne ! Jeanne ! Debout, il est 10h !

J'aime pas quand mon mec me réveille trop tard...

_Merde, encore à la bourre !

J'avais  déjà 1 heure de retard sur l'ouverture de la petite librairie que m'avait confiée mon oncle pour quelques mois. Le jean d'hier, le tee-shirt en coton, les converses en fin de vie, une goulée de caféine, un étage plus bas, la porte de l'arrière boutique, l'odeur des grimoirs et du parquet ciré...j'étais en place pour une journée de romance.

J'ouvre la grille et salue les deux silhouettes qui attendaient impatiemment .

_ Comment dit-on bonjour en langage des signes au fait ? Je suis curieux de le savoir !

Cette voix qui venait titiller malicieusement mes pensées matinales aurait pu faire de moi le tout premier iceberg de la capitale... Glacés étaient mes veines, mes artères, mon coeur . Les deux ahuris qui n'avaient pas décollé de dessous ma fenêtre pendant plus de 4h se pointaient désormais dans ma boutique...

_ Ce bouquin là, à combien le faites-vous pour mon ami ? lança le pseudo-beaux-arteux, du bout de son chech imitation togolaise.

_ "Ainsi parlait Zarathoustra"? Il n'est pas à vendre, beaucoup trop de valeur, répondis-je sèchement.



23 septembre 2007

Samedi matin parisien

Il marchait, mains dans les poches, regard défiant, d'un pas qui ne souffre aucun obstacle. Il faisait froid en ce samedi matin parisien. Il n'y avait pas encore grand monde dans les rues mais Sacha, arrivé dans cette ville depuis une semaine, la faisait déjà sienne.
Il souriait au vent matinal, humait les bonnes odeurs qui s'échappaient, malicieuses, des boulangeries avoisinantes.
Sacha avait passé une soirée exécrable. Il avait été invité par un ami d'un ami vaguement connu. Lui qui pourtant n'a aucun problème de communication, il avait passé la soirée tapi dans son coin à essayer de s'inventer de bonnes raisons de rester. Devant la déconfiture de la soirée, il n'était pas parti tard, résolu à être d'attaque le lendemain.

Il avait croisé une jolie nana à cette soirée. Pas assez jolie pour lui donner un motif de s'attarder mais pas trop mal non plus. Un regard vert, des cheveux de jais et le sourire facile. Oui, une jolie nana.
Il l'aurait bien croqué, dans les deux sens du terme d'ailleurs.

Sa pensée artistique le ramena à la fille du bar.
Gabrielle.
Comme l'archange, se surprit-il à penser niaisement.
Une fille saine et sereine, le quart de siècle, assez aimable pour lui parler lorsqu'il l'avait abordé dans ce bar.
Devant son désir de la peindre, de l'explorer abstraitement, elle avait paru troublée. Un subtil mélange d'émotions lui avait voilé le regard. De la méfiance, de l'intérêt, de la surprise de se sentir interessante dans les yeux d'un homme, peut-être ? Il n'en savait rien.
Toujours était-il qu'il mourrait d'envie de la dessiner et qu'il ne supportait pas la passivité que conférait le fait que ce soit elle qui ait les cartes en mains.

Pris dans ses pensées, il ne remarqua pas le mec qu'il venait de percuter. Il croisa un regard bleu clair, transparent et s'excusa maladroitement.
"Veuillez me pardonner monsieur, j'étais perdu dans mes pensées, je ne vous avais pas vu".

Sacha venait de bousculer un jeune homme à l'air perdu, planté devant la vitrine d'un libraire et qui fixait bizarrement dans les rayons  "Ainsi parlait Zarathoustra".

23 septembre 2007

Ainsi parlait Gabrielle Sidonie P.

Eh ben voilà c’est bien moi ça. J’ai projeté, encore une fois. Le jeunot en question est venu me parler. Sur une chose, je ne me suis pas trompée : il allait à Paris. Mais tout ce que j’imaginais d’artiste en lui n’existait pas une ramée… il fallait qu’il grandisse, tout simplement...Trop sûr de lui aussi… qu’est-ce qu’il croyait ? qu’il allait se taper un nénétte de 25 ans alors qu’il n’en a que 20 ?  C’est con ce que je dis… on s’en fout de l’âge. Ce qui m’a fait chier c’est pas son âge c’est l’arrogance de ce mec. Il m’a filé son numéro. Si je l’appelle ce sera pour le présenter à une de mes nombreuses copines hétéros célibataires ou pour me faire dessiner nue ! il voulait me dessiner nue… pourquoi pas après tout… mais bon reste à voir le talent du zozo. Au moins il essaye d’aller au bout de ce qu’il est de toutes ses forces, c’est bien. Peut-être il se ramassera mais il ne se ment pas à lui même. Il sait ce qu’il veut.

Ca me fait penser à Zoé. C’est une pote à moi complètement paumée la pauvre en ce moment !! Après s’être tapée la moitié de Paris : celle des mecs donc tous les mecs de Paris, elle n’arrivait plus à refouler son attirance pour les nanas :

Moi : Hé bien il était temps que tu t’en rendes compte ! en même temps tous les mecs de Paris te sont passés dessus alors t’es un peu arrivée au pied du mur, t’as plus rien à te mettre sous la dent !

Zoé : Gabrielle ça va ! putain mais je peux pas me la sortir de la tête ! tu crois que je dois l’appeler ? je lui ai laissé des messages, des textos, des appels en absence… tu crois que je l’appelle ? Pourquoi elle veut pas de moi ?

Moi : Précisément je pense qu’avec tout ce que tu lui as laissé sur le portable elle a du s’en rendre compte la Constance… Ecoute je voudrais pas te vexer mais si elle te rappelle pas c’est que : ou elle est hétéro et tu lui fais peur parce que tu lui cours après ; Ou elle est folle amoureuse de toi et trop lâche pour sauter de l’autre côté de la barrière et aller brouter dans les verts pâturages si tu vois ce que je veux dire…

Zoé : Non mais écoute c’est loiiin d’ête sssimple là alors si tu pouvais éviter tes petites blaguounettes de fort mauvais goût …

Moi : Heu je ne pense pas que les verts patûrages soient de mauvais goût … je te signale que c’est pas moi qui suis en train de devenir lesbienne, moi je le suis déjà Dieu merci !

Zoé : Oh écoute Mademoiselle « J’ai brouté 1000 minous »… crois-moi si je pouvais m’éviter la transition j’aimerais beaucoup mais…

Moi : …Hé oui ma petite Zoé on fait pas une lesbienne sans casser des œufs !

Zoé : …Ma vie est une merde totale en ce moment. Je suis folle d’une nana qui part habiter en province donc je vais plus la voir en clair, je peux pas m’empecher d’allumer tous les mecs en soirée… Tiens hier encore j’ai pas arrêter de draguer, séduire… le mot que tu veux…

Moi : Exciter ?

Zoé : oui si tu veux… bref une soirée chez Guillaume, y’avait un nouveau pote à eux et ça sentait trop le plan foireux style « on va vous présenter l’un à l’autre et vous allez baiser ce soir »… alors ben…. (là elle se met à pleurer genre comme dans Dallas ou Amour, Gloire et Beauté)… c’est pas de ma faute moi merde… je l’ai collé toute la soirée, j’ai dansé avec lui, je lui ai fait des yeux de merlan frit… bref mon jeu habituel mais plutôt séduction que allumage… et puis comme d’hab je me suis barrée comme une vieille merde….

Moi : tu me rappelles mon ex, elle faisait ça aussi et après elle courait dans mes bras…

Zoé : Le pauvre… il était si doux…. Je fais que d’la merde… j’frais mieux d’aller me mettre une race pour oublier ma connerie et mon amour. Putain mais Constance quoi !!! Constance, Constance, Constance…

Moi : Oui bon ben c’est ben on a compris comment elle s’appelle…. Tiens voilà un mouchoir…

Tout ça pour vous montrer que les gens qui se mentent à eux-même pendant des plombes ça existe et c’est quelque chose que je ne saisis pas…quelque chose m’échappe… comment on peut savoir qu’on est telle chose et en même temps ne pas savoir qu’on est cette chose ? Au moins le petit Sacha, il savait qui il était même si il ne savait pas trop où il allait.

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22 septembre 2007

Avec elle...

Le regard vague, le pas aléatoire et l'haleine douteuse, je marchais le long des quais de Seine à la rencontre d'un taxi. La soirée était encore passée à une vitesse astronomique... aussi vite que je vidais mes verres de vodka, de whisky et de rhum... Le dernier métro ? Pas pour moi.

Il a été difficile de me résigner à quitter cette soirée. Non pas que l'ambiance n'aie été géniale, ni même que mes amis m'ont incité à rester. Non. Non, si je suis resté, c'est pour elle. Et au final, si je suis parti, c'est à cause d'elle.

Au début de la soirée, je ne ressentais pas encore le besoin de la voir, de la sentir. J'étais là avec des amis. Vous savez, le genre de soirée qui commence par des banalités à faire peur : "j'en peux plus de mon taf", "je ne supporte plus le métro", "la semaine prochaine je pose un jour de RTT", "j'espère que ce weekend il va faire beau"... AU SECOURS !!! Qu'est-ce qui nous arrive ? Comment peut-on être aussi aigri, aussi triste... aussi adulte à seulement 24 ans ??

Et c'est alors qu'elle est apparue, comme une évidence. Dès que j'ai posé mes yeux sur elle, je ne m'imaginais pas finir la soirée sans elle. Il y a encore quelques secondes, je me morfondais en parlant de ma vie tellement réglée, tellement terne. Mais maintenant, je sais qu'elle va tout changer. A vrai dire. Je ne la connaissais pas vraiment. Vous savez, c'est comme ce bouquin "Ainsi parlais Zarathoustra". J'ai l'impression d'avoir toujours connu ce livre alors que, honnetement, je suis incapable de savoir de quoi ça parle et quelles sont les émotions que ce livre procure. Elle, c'était pareil. Je savais qu'il me la fallait mais je ne savais pas encore quel impact elle aurait sur moi.

On me l'a présentée. On me dit qu'elle est géniale, que c'est une vraie tornade en soirée. Notre premier vrai tête à tête pendant cette soirée s'est déroulé sous les yeux et les encouragements de mes amis. J'avais la gorge nouée et une énorme bouffée de chaleur, autant dûes à la pression de l'assistance que à l'imminence de notre premier contact...

Ca y est, au bout de 10 minutes, nous ne formions plus qu'un. Grâce à elle, je me sentais fort, à l'aise. Elle m'a mis en confiance. Grâce à elle, la soirée a été une suite de moments féériques, de moments passionnés. Elle me faisait danser. Elle m'entraînait dans des conversations et des envolées lyriques mémorables.

Et puis, au fil des heures, je l'ai sentie distante. Elle s'échappait de moi... Et plus elle s'éloignait, plus mon assurance et mon énergie m'abandonnaient... jusqu'à ce qu'elle me quitte complètement, pour me laissr totalement hagard, à déambuler dans les rues, à la recherche d'un taxi.

Alors que les premières lueurs du jour apparaissaient, je me suis posté là, devant la vitrine d'un vieux libraire. Et je l'ai vu, sur un rayon, anonyme parmi des centaines d'autres livres. Elle m'avait laissé un signe. "Ainsi parlait Zarathoustra". Tout comme ce bouquin, elle m'était inconnue. Tout comme ce bouquin, elle m'avait toujours attiré. Tout comme ce bouquin, elle fait partie de ces expériences qui nous impliquent. Mais elle, maintenant je la connais, je sais quels sentiments elle m'inspire. Je sais que si je ne fais pas attention, elle me sera indispensable.

En une soirée, je l'ai découverte, je l'ai aimée, elle m'a envouté et à la fin elle m'a quitté. Ca me fait tellement mal, elle me laisse dans un tel état.

Le lendemain, je vais à la librairie acheter un exemplaire d'Ainsi parlait Zarathoustra. Pffoouu, 800 pages.. au moins, pendant que je lirai ce livre, je ne penserai plus à elle, elle, cette petite dose de cocaïne.

20 septembre 2007

en attendant le train ...

Je marchais là toute seule voilà maintenant plus d'une heure .... Oui, une heure que j'étais sur le quai de la gare Montparnasse à Paris ! Paris que je vais bientôt quitter.

Que de soulagement ! Mais en même temps, qu'est ce qui m'arrive ? je ne comprends pas pourquoi j'ai cette boule au ventre ... comme un pressentiment ... je ne sais pas ... je ne sais plus ce que je veux... Encore perdue dans mes pensées, je m'égare et disparais ...

"Constance ! Constance ! ça fait 3 heures que je t'appelle..." me crie Etienne, mon meilleur ami.

Constance, Constance, c'est vrai que c'est comme cela que je me nomme. Mais ce prénom, c'est tellement pas moi ! Je n'ai vraiment pas une tête à m'appeler Constance ! Je pense réellement que personne n'a une tête à s'appeler Constance de toute façon !

"Quoi? Qu'est ce que tu me racontes là ?" dis-je avec la voix de kebla façon arnold et willy !

"Ben ouais, ton train va arriver et t'as même pas encore de livres ou des mag pour ton trajet ! t'es folle ou bien ?" dit-il d'un ton mi-figue, mi-raisin!

"T'inquiète... j'assure, tu me connais, hein ?"

Je me dirige d'un pas rapide au kiosque et là entre les gala, voici et public, j'arrive à dégoter un bouquin qui promet pleins de surprises : "Ansi parlait Zarathoustra"...

19 septembre 2007

Un café, une clope, une femme

Cela faisait bien 20 mn que Sacha la fixait. Cette fille il l'avait déjà croisée ; mais il était incapable de se souvenir où.
Il grillait Marlboro sur Marlboro. Des rouges, hein. Lui il fume des vraies clopes de mec viril !
Ses doigts aux ongles courts tapotaient impatiemment le dessus de sa table. Il jeta un oeil dessus et réprima une grimace de dégout. Un vieux morceau de frite froide était collée aux faux acajou plastifié.
"Ce bar craint" se dit-il en regardant dehors un clodo se rouler contre la vitre du café en la gratifiant d'un rot sonore.
Son attention se repporta sur la fille. Face à elle, deux tasses de café vides, un paquet de tabac à rouler et un cendrier plein à raz bord. Elle semblait perdue dans ses pensées.
Sacha se sentait intriguée par cette femme. Elle ne l'avait pas repéré, il se décida à bouger. Il se leva et alla s'asseoir nonchalament à la table près d'elle, comme s'il venait de s'installer.
Il fouilla dans son vieux sac et en sorti son livre. Il ouvrit "Ainsi parlait Zarathoustra" à la première page. Il tenta de prendre un air concentré et entreprit de surveiller la fille du coin de l'oeil.

19 septembre 2007

J’ai toujours été moi.


La mer est belle parce qu’il y toujours un phare qui se cache quelque part. J’ai toujours rêvé de commencer le livre que j’écrirai par cette phrase sans trop savoir où ça me mènerait. Il y a des phrases comme ça qui vous inspirent et vous aspirent.
Je n’ai jamais écrit ce livre. On m’a toujours dit qu’on ne pouvait pas écrire sans avoir tout lu avant de même qu’on ne peut être comédien si on a pas joué du classique. J’ai toujours pensé que c’était de la pure connerie, de la pure boolshit comme disent les américains. Et c’est pareil pour tout d’ailleurs… on ne peut être journaliste si on a pas fait une école d’élite, on ne peut pas commencer à bosser si on a pas au moins un an d’expérience… tout ça m’exaspère.

J’ai toujours été assez nerveuse avec tous ces sujets de société de mes deux. J’ai toujours été un peu anarchiste sur les bords. Mais la société est un trou noir d’inhumanité. Nietzsche disait « Affamée, violente, solitaire, sans Dieu : ainsi se veut la volonté du lion. ». La société est un lion féroce. Je cite Niezsche mais ne croyez pas que je l’ai lu. Cette citation de Ainsi parlait Zarathoustra est une des rares que je connaisse de la littérature… En fait je ne lis pas beaucoup, je m’ennuie quand je lis. J’ai toujours admiré ces gens qui dévoraient toute la littérature. L’autre jour justement, j’ai croisé dans le train un type qui lisait Zarathoustra. Entre deux renvois de Kebab que j’essayais de dissimuler honteusement, je regardais ce mec avec son bouquin et je l’enviais d’avoir l’air aussi passionné par ce philosophe si controversé. Mais dans cette frustration je me rassurais en me disant que ce jeunot et moi on se ressemblait. On allait à Paris parce qu’on savait que c’était la ville de l’art et que l’on y trouverait la paix intérieure. J’aimais bien son côté artiste avec son foulard africain autour du cou et ses pompes noircies par le bitume des rues dans lesquelles il traînait. Il avait l’air d’être lui-même et j’aimais ça parce que j’avais toujours été moi aussi. S'il y a bien quelque chose qu’on ne peut pas me reprocher c’est ça.

17 septembre 2007

Hauteville sur Mer où la naissance d'un polisson endéliseur

Cheveux noirs et regard vert d'eau, Sacha fait partie de ces mecs qui se la raconte. Avec la vie devant lui, ses 20 ans passés à Hauteville sur Mer commencent à lui peser sérieusement.
C'est donc tout naturellement qu'il décide de partir de sa ville de toujours pour aller titiller le destin à Paris.
La peinture c'est sa vie. Persuadé qu'il regorge de talent, Sacha s'obstine à penser qu'il sera un peintre reconnu dès que les autres se rendront compte de son talent.
3 caleçons dans une valise plus tard, le bus de région le dépose à la Gare SNCF de Grandville pour le train de 13h59.
Le sourire aux lèvres, il composte son billet pour aller s'installer dans un wagon deuxième classe. Les yeux brillants d'impatience, il sort le livre qu'il trimballe avec lui depuis trois ans. Sacha lit des livres qui en jettent. Il ne sait pas les résumer mais adore montrer aux autres qu'il lit des choses intéressantes .
Il accroche une ligne au hazard d' "Ainsi parlait Zarathoustra" et se plonge distraitement dans sa lecture.

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